Chouette! un patron reconnaissant!
Les gens n’aiment pas le changement! Ceux qui ont à vivre l’expérience d’agent de changement vous diront même que cette affirmation est un euphémisme : le monde « HAÏT » le changement et cet état de chose ne date pas d’hier. Machiavel, à qui on prête de si noirs dessins et qui a si mauvaise réputation le disait déjà au début du XVIe siècle, il y a cinq cents ans.
Selon lui, rien de pire que de se voir confier la responsabilité de piloter un changement significatif : ceux qui y perdront ou auront l’impression d’y perdre seront résolument contre vous. En plus, ceux qui pourraient éventuellement en bénéficier ne vous appuieront pas. Ils préfèrent le statu quo, même au prix d’un mieux-être éventuel.
Modifier son style de gestion pour y inclure la reconnaissance n’échappe pas à cette règle. Un patron reconnaissant, c’est souvent une expérience nouvelle, un changement positif mais, un changement tout de même. Alors, les mécanismes de défense contre le changement vont probablement se mettre en marche :
SURPRISE ET ÉTONNEMENT
Combien de fois j’ai entendu un patron dire : « J’ai reconnu le bon travail d’un des mes employés et vous auriez dû voir la tête qu’il m’a faite! Complètement éberlué! » Ça surprend. Surtout de voir apprécier quelque chose souvent pris pour acquis auparavant.
Il faut s’y faire, il faut laisser du temps.
RÉSISTANCE
J’aime mieux un patron non reconnaissant que je sais gérer qu’un patron qui se met à faire des choses agréables, qui comblent un besoin essentiel même, mais que je ne sais gérer. On déteste être déstabilisé, même si notre mieux-être en dépend. Attendez-vous donc à recevoir des commentaires comme : « C’est pas avec ta reconnaissance que je vais payer l’épicerie. » ou « Donne-moi plutôt un chèque et je vais me reconnaître moi-même. ».
Vous entendrez également : « Ça va leur passer, ils ont suivi un cours. » ou encore « C’est la saveur du mois! » Autre tactique populaire et efficace : pratiquer devant des collègues la déclaration suivante : « S’ils pensent qu’ils vont m’acheter avec une tape sur l’épaule! ».…
Ne laissez pas tomber! Continuez de reconnaître. Ça passera et, avec le temps, la plupart vont apprécier.
EXPLORATION
Que faire avec un patron qui devient soudainement reconnaissant, qui me prend régulièrement en flagrant délit de bien faire? Pas habitué à ce « personnage ». C’est très déstabilisant! De plus, contrairement à nos prévisions, ça ne semble pas vouloir lui passer. Il faudra s’y faire, faire contre bonne fortune bon coeur en somme, et s’y ajuster. Mais comment?
On essaie des choses, on teste : « S’il pense me faire performer avec sa reconnaissance, il va devoir me démontrer qu’il est sincère, qu’il apprécie vraiment, que ce n’est pas un truc pour m’exploiter et aller chercher de la production supplémentaire! » Par la suite, on ralentit la cadence pour voir sa réaction. On se permet même un oubli, on manque une échéance, bref, on relâche un peu.
Encore une fois, le secret c’est de ne pas lâcher; de poursuivre la reconnaissance au quotidien lorsque les résultats et les comportements s’y prêtent.
IMPLICATION
« C’est du sérieux et c’est agréable, valorisant. Ça vaut la peine de se forcer, d’en faire plus, de s’engager : mon patron s’en rend compte, apprécie et me le fait savoir. De plus, il me fait réaliser l’impact de mon travail sur les résultats généraux; j’ai la conviction de contribuer, d’être un élément important et nécessaire dans cette organisation! »
La reconnaissance factuelle et pratiquée avec diligence, c’est-à-dire qui met en évidence résultats, attitudes et comportements souhaités, devient donc un facteur majeur de motivation et d’engagement.
Tout le monde y gagne : l’organisation, le patron et l’employé.
André Savard, B.A., LL.L., CRHA
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